Depuis quelques jours, comme de nombreux défenseurs de la vie privée je l'imagine, je connais un sentiment particulier. Ce sentiment oscille en permanence entre le "je vous l'avais bien dit" et le "enfin !".
Enfin le monde commence à voir les GAFAM pour ce qu'ils sont, enfin le danger que représente Facebook, non seulement pour les individus mais aussi les sociétés apparait au grand jour, enfin ces sociétés vont être tenus responsables. Enfin.
Et pourtant je vous l'avais bien dit ! Ça fait des années maintenant que je parle à mes amis de la censure de Facebook, du monopole de Google, des algorithmes enclavant, des attaques contre notre vie privée et pour le contrôle de nos pensées.
En plus de ce sentiment, me vient une question : pourquoi maintenant ? Comment se fait-il que le mouvement #DeleteFacebook éclose aujourd'hui, pas après Snowden, pas après l’élection de Trump, pas après les fake news, la censure, les pubs, les algorithmes et tout le reste ?
J'avoue ne pas avoir la réponse, mais dans le fond ce n'est pas grave. Ce qui compte aujourd'hui, c'est cet alignement de planètes. Car cette prise de conscience populaire n'arrive pas seule, elle est accompagnée du RGPD et d'alternatives crédibles comme Qwant, CozyCloud, Mastodon ou encore les chatons.
Ce qui compte, c'est que pour la première fois nous prenions conscience que ces GAFAM, aussi puissants qu'ils soient ne sont pas tout puissants. Ils peuvent trembler face à un simple hashtag, et en ce moment ils tremblent.
Je vois beaucoup de libristes s'amuser qu'une campagne comme #DeleteFacebook ait lieu sur Instagram ou Twitter, ou encore que certains semblent ne découvrir que maintenant les réels agissements des GAFAM. J'ai même vu passer quelques messages se moquant de ces prises de conscience tardives alors qu'il suffisait de "lire les CGU".
De mon côté, je me réjouis de cette prise de conscience et je soutiens ce mouvement même s'il est imparfait. Remuer les consciences prendra du temps, bouleverser les pratiques encore plus. Mais le succès croissant de Mastodon, de Qwant et des autres est encourageant. Tout cela me donne envie d'accompagner, de conseiller, d'éduquer même, puisque dans cette démarche visant à retrouver le contrôle sur sa vie privée j'ai pris un peu d'avance sur les autres.
Tout cela prendra du temps, certainement des années, mais je ne suis pas pressé. Je ne brusquerai personne, je ne culpabiliserai personne mais j'expliquerai calmement.
La leçon des jours passés est que Facebook est fort. Très fort même. Mais peut-être un peu moins fort que nous ne le pensions.
Alors #DeleteFacebook ce n'est certainement pas la fin. Ce n'est même pas le début de la fin. Mais peut-être, est-ce la fin du début.
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